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samedi 31 décembre 2016

2016_12_31 Bilan 2016

Fin de l'année rime avec bilan avant de se projeter vers l'année prochaine.

Tout d'abord, quelques éléments chiffrés.

J'ai parcouru 3513 km et gravi 143500 m de D+ en 201 sorties. Par rapport à 2015 idem en km parcourus mais un peu moins en D+ avec l'année dernière 159000 m. Mais 2015 reste une année exceptionnelle. Donc tout va bien, on va dire dans la continuité. Si je fais en 2017 ce que que j'ai fait en 2016, je serai bien content.






Pour les courses, aligné sur 22 courses avec plus de 1200 km parcourus en courses et près de 75600m de D+ grimpés. Ce qui fait une moyenne de 55km et 3400m de D+ par courses. Moins de course que l'année dernière mais à peine en deçà en quantités. Faut dire que le Tor des Géants dope bien la moyenne. Pas de souci de santé, c'est l'essentiel et je croise les doigts pour que ça dure.



Evidemment, c'est le Tor des Géants qui a été la course la plus marquante. Une expérience inoubliable que j'ai décrite dans mon CR que vous trouverez dans ce blog ; http://arnotraileur.blogspot.fr/2016/09/tor-des-geants-2016.html.

Reste maintenant à préparer le programme 2017.

samedi 24 septembre 2016

Tor des Géants 2016

Bonjour à tous,

Je réactive ce blog afin de prendre le temps d'un pettit CR détaillé et illustré de ma participation au Tor des Géants 2016.



Wiki, c'est quoi le Tor ? 

Le Tor des Géants (en patois valdôtain: Tour des Géants), est une compétition d'ultra-trail créée en 2010, se déroulant dans 34 communes de la Vallée d'Aoste au mois de septembre.

« Une immense boucle suspendue entre terre et ciel »

Un livre photo de STEFANO TORRIONE.
La photo représente le passsage du dernier col Malatra (2926m) avant la longue descente finale vers Courmayeur.

Quelques chiffres sur cette course :

  • 7ème édition
  • Distance : 336 km
  • D+ : 30900m (et pas 24000m annoncé, un détail)
  • Passage de 25 cols à plus de 2000 mètres, 30 lacs et un point le plus haut à 3300 mètres d'altitude.
  • Temps maxi : 150h
  • ....


Pourquoi le Tor ?
L'année 2015 a été pour moi une de mes meilleurs années de Trail, en volume et en résultats. L'idée pour mes 45 ans de faire le Tor est donc venu naturellement sachant qu'on ne sait jamais de quoi sera fait le lendemain.

Rebondissement au tirage au sort
L'inscription au Tor des géants se fait sans condition particulière. Le nombre de participants étant limité autour de 700, la sélection se fait par tirage au sort aléatoire + quota par pays.
Après le tirage au sort qui a eu lieu en début d'année, je me retrouve dans les 600 premiers, super content d'avoir été tiré au sort. Ne recevant aucun mail de confirmation et m'invitant à finaliser mon inscription, je découvre que le quota du nb de français avait été atteint avant et donc que je n'ai pas été retenu. Frustré mais le règlement et le règlement, je tourne la page et m’inscrit le même jour à l'Ultra du Vercors que je n'avais encore jamais fait. Rebondissement, un bon mois après,où je reçois un mail de organisation qui me dit que je suis retenu pou le Tor 2016 et que j'ai 15j pour finaliser mon inscription. Le repêchage vient de personnes qui ont été tirées au sort mais qui n'ont pas finalisées l'inscription : pb de santé, coût, résignation, ... Je finalise mon inscription et écrit à l'organisation du l'UT Vercors qui accepte de reporter mon inscription à 2017.

Quelle préparation ?
- des grosses sorties à la journées en Chartreuse principalement
- de nombreuses courses de plus de 60km : GR73, Aravis Trail, Extrem Ventoux, Montagn'hard 60, Tour des lacs GRP.
- le GR20 en 3j avec Altre Cime
Afin de tester matos, équipements, alimentation, et un peu soi

Les préparatifs de course
N'ayant pas d'assistance, je ne peux compter que sur mon sac suiveur. Au Tor, le point très positif est que le sac suiveur comme son nom l'indique suit le coureur de base de vie à base de vie. Une contrainte pour l'organisation qui doit gérer les transferts en fonction des vitesses des coureurs.
Un confort pour les coureurs qui ont plus de liberté dans leur choix et surtout évite d'avoir des doublons ou triplettes. UTMB, Diagonale des Fous, c'est un sac sac par base de vie, ce qui veut dire par exemple que si vous décidez de changer de chaussure, il faut le décider dès le départ le moment de ce changement ou avoir plusieurs paires pour garder un peu de liberté. Dans une course, on change de chaussure en fonction de la météo et de l'état de ses pieds. Mais si tout va bien, vaut mieux repousser .... idem pour tout le reste ....

Initialement, j'ai prévu une stratégie de course qui devait me permettre de finir vendredi matin vers 7h (je finirai finalement vendredi vers 22H30, soit 15h30 plus tard).


J'avais décidé à chaque base de vie, si je me changeais ou pas, si je me douchais ou pas, si je dormais et combien de temps. Sur cette base là, j'ai préparé mes ravitos, les habits, .... + une paire de chaussure de change au cas où.
1er conseil, les habits de changent ne prennent pas de place dans le sac suiveur, prévoir des jeux supplémentaires si plus d'haltes que prévues. M'étant arrêté plus que prévu, je n'ai pas pu me changer et dû faire des choix.

Dans le matériel obligatoire à porter tout le long, quelques choix :
- crampons avec des pointes -> j'ai du investir sur des : Nortec microcrampons
- deux lampes en état de marche avec piles de rechange -> L'idée ce n'est pas d'avoir deux lampes de trail tout le temps sur soi mais d'avoir une lampe "classique" avec ses piles de rechange et une lampe de secours pour changer la pile de rechange de la première ou éventuellement de rentrer jusqu'à la base de vie afin de récupérer la vraie deuxième lampe si la première lâche (led morte par exemple ou pris l'eau). J'ai investi dans une lampe de secours : e+LITE® qui est très bien pour ce rôle. J'ai eu à l'utiliser une fois pour changer la batterie de lampe principale (les 2 devant être rangés dans le même sac). En lampes principales, je reste fidèle à Stoots avec la Minimax (pour la course) et la Tiho (qui reste dans le sac suiveur - http://www.stootsconcept.fr/index.php/lampe-frontale/183-tiho.html).
- veste avec protection anti-pluie, membrane imperméable et respirante avec coutures thermosoudées et une capuche conçue pour résister à de mauvaises conditions météorologiques à haute altitude -> Là, j'ai pas fait de compromis, j'ai sorti ma raidlight Top extreme qui est costaud (et donc plus lourde 250g) mais avec qui je sais pouvoir affronter des conditions très difficiles. Elle se met en boule et se range dans sa poche, très pratique.
- pantalon ou collant de sport (au minimum un corsaire couvrant en dessous du genou) >- je cours classique en shorty, donc avoir en plus un corsaire dans le sac était une vraie contrainte.
- couvre-pantalon 
-> la pantalon Salomon de pluie qui est très léger et fait le boulot. Je le mets au-dessus du shorty en cas de froid et je peux affronter des conditions difficiles (à nouveau pas d'intérêt du corsaire).
- micropolaire à manches longues -> je me demande toujours ce que c'est, habituellement maillot technique + veste raidlight je peux affronter des conditions déjà très difficile. J'ai donc investit dans la micropolaire la plus légère 170g de Décathlon Forcalz 20 à 3,99€ !!  http://www.decathlon.fr/forclaz-20-homme-noir-id_8351934.html. Finalement, elle me sera très très utile.
- couvre-gants imperméables
 -> j'ai investit dans des surmoufle imperméable North Face. Assez chère 40€, à une fonction coupe vent mais le côté respirant, je ne l'ai pas trouvé, la transpiration s'accumule à l'intérieur.

Récupération du dossard et sac suiveur
Je pars de Lyon samedi vers 13h00. Arrivée à Courmayeur vers 16h00, fait la longue queue pour présenter mon sac et équipements obligatoires (vérification aléatoire, pensez au chaussure également !) + récupérer mon sac suiveur. On a une puce fixée au sac et une au poignée (bracelet type all-inclusive).
La course est sponsorisée par Grivel qui fournit le sac suiveur, du costaud et suffisamment grand pour contenir tout ce que j'avais prévu. 


Je dépose le sac à 18h et rejoint mon hôtel. La journée est finie. Reste à bien dormir. Levée 7h30, petit dèj vers 8h00 et je rend la chambre à 9h00.

Le départ
La ligne de départ est au centre de Courmayeur. La météo est superbe.L'ambiance festive.



Tout est en place maintenant, les choix ont été faits. On attend patiemment 10h afin d'être délivré et de se lancer. 10h tout pile, c'est parti. On traverse tout le centre ville de Courmayeur qui est bondé de part et d'autres, c'est une ambiance de folie. 1,5km de bitume avant d'attaquer le premier sentier. Il y a du monde, ça pousse mais je suis bien zen, conditionné pour finir et surtout gérer, gérer, gérer.

Etape 1 : Courmayeur – Valgrisenche: 48,6 km 4747 D+


  
Le premier col d'Arp est une mise en jambe, même si on parle d'une montée de D+1300m, tout en douceur et en file indienne, on profite du rythme imposé et on reste dans les rangs. Il y a du monde à l'arrivée du col ce qui fait toujours chaud au cœur. Un premier col qui passe bien. La chaleur monte progressivement.







La descente jusqu'à la Thuile se fait d'abord dans un vallée verdoyante et roulante, puis chemin carrossable en lacets et au final route bituminée en lacets sous un soleil de plus en plus lourd.  




Après la traversée du village de lThuile, arrivée au premier ravito bondé vers 13h15 où je reste le temps de refaire le plein d'eau et de poudre et on attaque le 2ième Col "Haut Pas" (2857m) en passant par le refuge Deffeyes (2500m).
J'ai eu le plaisir d'une pique d'abeille dans cuisse en début de montée. La sensation s’atténuera finalement  vite mais la marque je l'ai encore ...
Les paysages sont toujours similaires avec la foret jusqu'à 2000-2200m puis mes prés à vaches jusqu'à 2500m-2600m puis le désert minéral au-delà.



Refuge Albert Deffeyes (2500m).
.
La montée au Col sera minérale avec un passage par un joli plateau herbeux à 2500m. Encore un peu de monde. Les distances entre coureurs vont se rallonger et l'ambiance intime de cette course va pouvoir commencer.








Descente jusqu'à 2000m puis remontée au Col Crosatie (2829m). On est dans une zone magnifique, minérale, coupée du monde avec un temps magnifique. Que du plaisir.





Les bénévoles postés aux cols avec leur cellule de survie déposée par Hélicoptère  sont super et ont beaucoup de courage.
Cette première étape (et la 1ère journée) se terminera par la descente jusqu'à Planaval (D- 1300m) puis un passage plat de 5km environ pour arriver à la base de vie de Valgrisenche.






Arrivée à Valgrisenche vers 20h50. Je prends le temps de bien manger.
Passage en mode nuit en mettant le corsaire à la place du shorty + changement de tee-shirt. Je reste une petite heure à la BDV pour repartir à 21h45.

Etape 2 - Valgrisenche – Cogne: 58 km 5082 D+
Cette étape est un enchaînement de 3 cols, dont le plus haut du Tor, le Loson à 3299m.
Le col de la fenêtre sera abordé de nuit avec un premier D+1200m et atteint à 1h12 du matin.


Le col Entrelor sera atteint à 5h50 du matin avec D+1300m.


J'ai pu bénéficier d'un magnifique levé de soleil, toujours bienvenu après une nuit blanche lors de la descente d'Entrelor vers Eaux Rousses..


Arrivée à Eau Rousse à 8h09 avant d'attaquer le dernier Col le plus haut du TOR, Loson à 3300m. Un col magnifique, sauvage et très minéral sur le final que j'atteins à 12h35.





La descente finale sur Cogne commence par des parties aériennes.


J'arriverai à Cogne lundi à 15h20. Dans mon planning initial, j'avais prévu d'arriver à 15h00, donc bien dans mes temps. Initialement, je devais faire une pause de 2h et repartir pour Donnas, afin de faire une grosse pause à Donnas et surtout bien dormir. Néanmoins, j'ai eu un gros coup de fatigue et j'ai préféré faire déjà une pause à Cogne qui durera 2h40.
En fait, j'avais prévu de dormir plus mais avec l'excitation de la course, endomorphine, .. quasi impossible de m'endormir et je me lève avant que le réveil sonne.

Etape 3 - Cogne – Donnas: 45 km 2698 D+

Départ lundi vers 18h00. Cette étape est une montée de D+1300 jusqu'au col de la Fenêtre Champorcher (2827m) et une longue descente jusqu'à Donnas de D-2500m.

Le début de la montée se fait encore à la lumière du jour pendant 2h environ. La montée est douce et progressive.



J'atteindrai le col à 22h03. Suit la longue descente jusqu'à Donnas avec un passage au ravito de Chardonney (km 130 - 1450m). La partie Chardonney - Pontboset - Donnas fait 18 km et n'est pas aussi roulante que sur le plan. C'est des singles en balcon avec des passages aériens. Néanmoins, l'ayant fait en pleine nuit, j'ai pu que deviner. De nombreux ponts en bois au-dessus de cascades très bruyantes semblaient magnifiques (à voir en plein jour). Arrivée à Donnas vers 5h49 du matin.
Je prends le temps de manger, de me doucher, me changer complètement et dormir une petite heure.
Départ 7h34. Toujours dans les temps intiaux, puisque j'avais prévu de partir de Donnas à 8h00.


Etape 4 - Donnas – Gressoney St Jean: 54 km 6086 D+


Le parcours commence par une petite bosse D+500m/boucle dans Donnas ce qui me permet de découvrir la ville. Arrivée à Perloz, petite descente jusqu'au pont, un passage en balcon avec quelques passerelles et on attaque la montée du jour vers le Refuge Coda (2224m) soit D+1600m.






Suit un passage en plateau et une descente jusqu'au lac de Vargno (Km 176 - alt. 1686m).




Il est 15h43 au lac, la chaleur est étouffante. On remonte avec un passage au ravito/contrôle du Refuge Balma (2040m) à 16h41 puis montée au col de Marmontana (2358m) atteint à 18h26.




Après ce col, une descente dans la pierre et une remontée à la brèche Crenna Dou Leui (2340m) qui permet de basculer dans l'autre vallée. En passant la brêche à 20h00, c'est l'heure de sortir la frontale pour attaquer la nuit. On voit la ville éclairée au fond de la vallée.





Après une descente raide, il s'agit maintenant un long passage en balcon afin de rejoindre le Col de la Vache (2184m). Je commence à fatiguer avec la nuit, la fraicheur qui remonte après cette journée caniculaire. Ce passage fut bien long.

J'arrive au col de la Vache à 21h. Un camp éclairé sert de ravito. J'en profite pour me poser et j'ai pu déguster une très bonne polenta au fromage cuit dans une veille poêle sur une vieille au bois. Un régale qui réchauffe le ventre et le cœur.


Après le col, une petite montée avant d'attaquer la descente sur Niel. Cette descente se fait au début sur un sentier surélevé complètement "pavé" avec des grandes dalles plates. Je retrouve un peu d'entrain et je me remets à courir de dalle en dalle côté "vide".

Un moment d’inadvertance, une pierre instable, je bascule dans le vide "noir" sans savoir où j'aller atterrir : 1m, 10m plus bas ?, des rochers, des ronces, qu'est-ce que je vais trouver.. au final je tombe d'environ 1,50m sur un mélange de plante et de pierre. Quelle chance. J'ai mal au genou, au coude, aux cotes, un doigt en sang, ... doucement je me relève, remets en place la frontale, je suis seul personne n'est passé depuis sur le sentier plus haut. Genou check OK, coude check OK, doigt en sang mais cela semble superficiel, je mets mes gants en coton pour contenir et faciliter la cicatrisation. Par contre les côtes me font mal lorsque je respire fort ou tousse.

Je remonte et repars doucement en marchant. Finalement rien de très grave. Néanmoins, dès que j'essaie de courrier, les côtes me font mal... on va finir la descente tranquillement surtout que la chute m'a rendu fébrile et j'ai pas le pas sûr.

Après ce passage pavé, la descente devient plus technique et raide et glissante. J'ai du mal et je suis pas bien. je glisse plusieurs fois, pas les idées claires ... et lors d'une glissage, je casse un bâton !! Grrrr, pas de bâton de rechange dans le sac, il reste encore plus de 150 km à faire et de nombreux cols .... je suis pas serein. J'arrive enfin au ravito de Niel (1573m) à 23h50, j'ai pas les idées claires, les bénévoles s'en rendent comptent, appelle le médecin qui me pose quelques questions pour savoir si je suis lucide. Je me mets au chaud, mange un bout mais il n'y a pas d'endroit tranquille pour dormir. Je décide de repartir pour franchir le col de Loorney (2364m) eafin de rejoindra la prochaine base de vie de Gressoney-saint-Jean (1329m) et dormir.
En bricolant mon deuxième bâton, je fais rentrer une entretoise dans le tube sans arriver à le ressortir et le bâton devient inutilisable. Je décide de l'abandonner et me voilà sans bâton.
Je confirme maintenant que c'est quasi impossible de monter des cols sans bâtons lorsque l'on est dans un état de fatigue avancé, pas d'équilibre avant/arrière - latérale, je n'arrive pas à enchaîner les pas. La montée de ce col devient un vrai calvaire, de nombreux coureurs me doublent, cela devient interminable. Lorsque j'atteints le sommet, je me rends compte que la nuit va être longue. La descente vers Gressoney est très très longue. On traverse un plateau interminable. J'arrive dans un petit refuge ou je décide de dormir assis sur la table. Une demi-heure qui fait du bien, je suis épuisé. Je reprends la descente pour rejoindre finalement Gressoney St Jean à 7h05, avec le levé du soleil. Ayant dormi au refuge, je décide de ne pas dormir mais de me doucher, me changer et bien manger pour repartir tout neuf et surtout oublier cette nuit catastrophique. Je repars à 8h41. Par rapport à la feuille de route, je suis encore pas mal (j'avais prévu de repartir à 8h00). Le fait d'être encore dans les temps me booste et me fait repartir de l'avant.

Etape 5 - Gressoney St Jean – Valtournenche: 33 km 3187 D+

Il est 8h41 mercredi matin. On débute par un passage plat le long de la rivière de quelques km qui permet de se mettre en jambe via une marche rapide. Ensuite la longue montée (D+1400m) vers le col Pinter (2776m) en passant par le refuge de l'Alpenzu (1788m). Dès que le soleil sort, la température devient caniculaire. Toute la montée est exposée sans ombre. Je suis toujours sans bâton, cette montée est très éprouvante.

J'arrive au sommet Pinter à 12h53. Le constat est clair, je ne finirai pas le Tor sans batôns. Il faut que je trouve une solution.



La descente passe par Crest, une station de ski. Idée géniale du jour. Je m'arrête à la station d'arrivée des télécabines qui est en maintenance et je me souviens qu'ils récupèrent souvent des bâtons perdus dans la neige ou oubliés dans les cabines. Je demande à la personne qui s'occupe de la maintenance, il part derrière et reviens avec deux bons gros bâtons de ski de 120 cm. Je suis aux anges. C'est parfait. Ils pèsent un bras mais ce sera parfait. Je le remercie mille fois, lui propose de les payer ... rien ... c'est cadeau.

Plus bas, on rejoint un magnifique refuge dans le village de Crest ou je me restaure et je m'allonge 30 minutes. La montée caniculaire m'a bien usée. Il est 14h28.


Me voilà reparti pour la descente jusqu'au ravito de St Jacques (1700m) qui arrive vite, 6 km plus loin. Il est 16h20. Je ne m'arrête qu'un court instant. On repart dans une partie plate en foret avec de part et d'autres du chemin des sculptures en bois assez réussis. Çà occupe.
Je crois Zinzin Reporter, le reporter de France 3 qui couvre les grands trails avec ses videos décalées. Je l'avais croisé sur le Grand Raid de la Réunion l'année dernière. On échange quelques mots. Il a plus qu'un bâton :-) Il finira plus que bien : 106ème en 121h00.

S'en suite une belle montée (D+1000m) jusqu'au col di Nona (2770m) en passant par le refuge Grand Tourmalin (2535m). J'atteins le refuge à 19h17.



Et le col au début de la nuit à 20h18 et le col des fontaines juste derrière à 20h42.


Longue descente jusqu'à Valtournenche que je rejoins à 22h38. On est au km 236. Mercredi se termine. Ma plus longue halte de tout le Tor avec la totale douche, change, bien mangé, gros dodo pour un départ à 4h24 du matin. J'ai à ce stade 6h de retard sur ma feuille de route initiale. Néanmoins, je reste serein, mon objectif reste de finir dans les temps. On sent à ce moment que le plus dur est fait qu'il reste plus qu'à bien géré.

Etape 6 - Valtournenche – Ollomont: 48 km 4904 D+


Jeudi, la météo a tourné, la pluie commence à tomber de plus en fort sur cette fin de de nuit. L'arrivée au refuge de Barmasse permettra un peu de se réchauffer. Le jour se lève mais la pluie continue sans cesse. Toute cette journée se déroulant entre 2000m et 2800m d'altitude, je n'ai jamais eu aussi froid de ma vie. Il fallait absolument ne jamais s'arrêter pour que le corps produise plus d'énergie que le froid n'en pompe.

Au passage de la fênetre du Tsan (2738m), la pluie se transformait en neige et il était temps de redescendre jusqu'au refuge Magia, au fond de la vallée. Zone a priori protégée.


En dessous de la fênetre du Tsan (2738m)



La vallée jusqu'au refuge Magia (2007m)

Remontée ensuite jusqu’au refuge Cuney (2656m) ou j'arrive à 13h24. La pluie a repris. Je suis gelé. J'arrive au refuge oùj'enlève tout le haut et les bénévoles me donne une couverture bien chaude le temps d'essayer de faire sécher ma polaire et ma veste. J'ai si froid, je tremble tellement que je n'arrive pas à manger la soupe. Je reste une bonne demi-heure le temps de me réchauffer.
Reste encore à rejoindre le Bivouac Clermont (2705m) et le col de Vessonaz (2788m) qui concluent ce passage épique, il est autour de 16h30. "Plus que" la longue descente jusqu'à Oyce (1463m) soit tout de même D-1300m que j'ai du faire en 2h30. La descente début par un passage très minérale  puis de plus en vert et finira dans la forêt.



 La longue descente dans la vallée vers Oyace.

A Oyace, il est 18h54. Je ne reste pas très longtemps. Je me motive pour repartir vite. Il reste un col à passer avec 1000D+ et 1100D- pour arriver à la prochaine et dernière base de vie d'Ollomont. Je monte au rythme et je sors pour la première fois le mp3 pour m'occuper. Je sais que j'en ai pour 5h environ mais qu'après un lit m'attends. Le final a été long mais je suis vraiment content de l'avoir fait. La descente est au début très technique et je suis pas très à l'aise. Ensuite c'est des lacets interminables, il faut de la patience et garder le rythme et lutter contre la fatigue, la nuit est déjà bien avancée.

J'arrive à Ollomont à 00h45 - km287. Content d'en avoir fini avec cette journée plus que usante.
Je mange et me couche pour 2h30 de sommeil. Je repartirai vers 4h29. En laissant mon sac, je sais que je le retrouverai maintenant à l'arrivée.

Etape 7 - Ollomont – Courmayeur: 50 km 4210 D+


C'est la dernière étape, elle comporte 2 cols majeurs, le col Champillon (2709m) et le col Malatra (2936m). En partant tôt, j'entame la montée au Col Champillon de nuit. Je suis, malgré la petite nuit, bien fatigué. Je peine dans les montées. J'arrive au Refuge Champillon juste avant le levée de soleil. Je decide de m'arrêter quelques minutes pour attendre le levée de soleil en espérant que la lumière du jour me "réveille" et me redonne de l'énergie.


 Le refuge Champillon vu du Col.





 Le Col Champollion.


La descente commence assez raide puis progressive en balcon. La météo est mitigée avec quelques pluies passagères.



S'en suit un long passage sur un sentier carrosable plat que j'ai fait en marche rapide. Dur dur, c'est interminable et sans difficulté, je m’endors en marchant. J'ai lutté tout le long contre le sommeil.
Pour finir, une descente jusqu'au ravito de Saint Rhémy en Bosses (1519m) que je rejoins à 12h09. Il pleut toujours légèrement.
Après une bonne pause déjeuner, j'attaque le montée du dernier col Malatra (2936m), soit D+1400m. Le début se passe à travers la ville sur bitume avant de retrouver les sentiers et de s'enfoncer au fond de la vallée.



 Passage par le bergerie des Merdeux puis montée vers le refuge Frassati (2537m) que j'atteins vers 15h50.





 Refuge Frassati (2537m)



Après le refuge, la neige se fait de plus en plus présente. Il reste 400D+ pour atteindre le Col Malatra, le dernier Col de ce Tor.

Chemin de travers qui conduit au col Malatra (2937m)



Après le passage du Col, une longue des descente vers le Check Point Malatra (2325m). Une petite remontée de D+250m qui pique puis une longue descente jusqu'au fond de la vallée suivi d'un passage en balcon interminable vers le refuge Bertone afin de se retrouver juste au-dessus de Coumayeur. J'ai essayé de courir dans la partie en plaine et je pense que je l'ai payé quelques km plus loin où une douleur au genou s'est réveillé, un peu avant Bertone que je rejoindrai à 20h56.

La nuit tombe avant d'atteindre Bertone. Un arrêt rapide à Bertone pour attaquer rapidement la dernière descente vers Courmayeur. Pas trop technique mais avec mon genou qui s'est réveillé, c'est en mode résistance dure (dents serrés) que je descends en essayant de garder un rythme pour ne pas (encore) perdre des places juste avant l'arrivée, ce qui est toujours rageant.

La descente se termine par une longue partie sur bitume afin de rejoindre le centre ville de Courmayeur que je traverse, c'est calme, il est 22h30. Mais sur la zone d'arrivée, plein de monde pour m'accueillir, une estrade lumineuse, un animateur qui vient m'interviewer, super sympa de ne pas finir dans l'anonymat ...



Voilà c'est la libération.

Je finis en 132h25 à la 201ème place.
Il y aura 446 arrivants, 317 abandons et 2 disqualifiés.

On me propose de m'acheminer en voiture jusqu'au centre des sports, ce que j'accepte volontiers afin de récupérer mon sac. Puis une autre bénévole me propose de me remonter à l’hôtel. Trop top !!

Douche, au lit ... et gros dodo .... bien mérité.

Voilà, un bilan positif. Objectif atteint : finisher !!

Quelques bobos : des côtés douloureuses, un doigt abîmé, quelques petites ampoules mais rien de grave.

Une expérience hors norme, une introspection, que j'ai finalement pas trop mal gérées. Avec des hauts et bas comme tous les ultra qu'il faut savoir surmonter en se connaissant et en trouvant les bons mots et raisons pour se motiver. Trouver du plaisir dans les meilleurs moments comme dans les plus durs.

Une expérience de plus dans mon escarcelle qui va me permettre d'aborder la suite avec plus de sérénité.... rien de prévu à ce jour ....